Après s'être crispée pour recevoir la neige, la terre l'a accueillie, puis doucement assimilée, et digérée. Maintenant elle en est gorgée, et prend ses aises. Si vous écoutez attentivement, vous entendrez ses entrailles sussurer leur plaisir. Le ver de terre profite de ce lâcher prise provisoire, de petits cônes se forment à la surface qui attestent de son labeur. La terre attend l'humain, elle s'est faite toute souple pour recevoir son pied, modeler son empreinte, et faire le don de cette infime partie d'elle-même qui le suivra pour les pas à venir. La terre accompagne l'homme. La terre lui rappelle sa présence essentielle. C'est suffisant pour que son esprit se mette en marche. Ces macules sur sa botte lui suggèrent : " Aujourd'hui je te fais don d'une parcelle de mon corps. À charge de revanche. " La terre rappelle l'homme à l'ordre. À son ordre.