On sort du véhicule un peu hébété par le confinement de l'habitacle, le lâcher prise du passager ou la tension du conducteur. C'est l'heure où même les ombres sont à l'horizontale. On se retrouve dans un no man's land, entre espace mouvant et espace immobile. La maîtrise des premiers pas est incertaine. Il faut quelques secondes pour reconnecter, retrouver les repères, se familiariser avec la géographie des lieux. On balaie du regard les véhicules, les bâtiments, l'origine de dangers potentiels. Et l'on pare au plus pressé, biologique le plus souvent : itinéraire vers les toilettes ou le distributeur de café. Les voix sont pâteuses, les gueules fatiguées. La nuit a été longue, le jour le sera aussi. On vit à l'ère de l'autoroute.