tantvaletemps
Une photo. Chaque matin, une photo prise au même endroit. Pour témoigner des modifications imperceptibles, inéluctables, du temps qui passe et du temps qu'il fait. Il y aura bien quelques jours ailleurs, voire quelques jours sans. Ainsi va le temps, dans cet espace de liberté qu'il laisse aux hommes, certain qu'il est d'avoir le dernier mot. Quelques mots. Pour dire les humeurs, les colères ou les plaisirs, le rythme des pensées qui ne se contraint pas à suivre le rythme des jours. (extrait de Jour 1)
Ce projet a duré "en temps réel", du 1er janvier au 31 décembre 2012. Les articles de 2013 sont des retours sur les jours ailleurs de 2012.
C'est un de ces matins où on ne traîne pas dehors. Vite se rendre sur le lieu de la photo, juste le temps d'un haïku angoissé d'hiver : Si le sol raidi par le garrot des gelées ne respirait plus ? et au retour, juste le temps d'un haïku apaisé : Le sol...
Là-bas, loin vers l'est, de l'autre côté des prairies, des collines et des montagnes, un peuple dit non. Il dit qu'il ne paiera pas pour ceux qui se sont enrichis sur son dos. Un peuple qui se considère, depuis plus d'un siècle, comme le jouet des grandes...
Qu'est-ce qui se joue là-dessous ? Dans le secret de ce contact entre deux épidermes, l'un rigide, compact, sec et l'autre léger, soyeux, humide ? Qu'est-ce que se joue dans l'addition de ces deux froideurs qui se réchauffent, dans cet espace qui s'ouvre...
Parenthèse refermée. La prairie a perdu sa parure, les étourneaux ont retrouvé leurs fils électriques, les humains ont repris leur rythme. Comme si rien ne s'était passé. Presque comme si. L'herbe n'a plus le même vert, sa résistance au froid l'a jaunie....
Instantané d'une construction, ou d'une destruction. Équilibre instable et mouvant. Lutte pour un pouvoir en cours d'acquisition. Combat inscrit dans le temps, qui se joue dans les interstices, qui détruit en absorbant, qui construit en assimilant. Espace...
Promesse d'une belle journée. C'est quoi, une belle journée ? La présence du soleil est-elle suffisante, nécessaire, indispensable ? Rien à voir avec la température : les froides journées d'hiver sont belles, dans la parole populaire. Belles si le froid...
Lumière rasante. Chaque touffe d'herbe s'affirme, chaque feuille morte s'enchante. Éclairage bien orienté, bon angle d'attaque. L'anonyme, le multiple, le banal, qui reste le plus souvent dans l'ombre, peut aussi se magnifier dans la lumière. Mais ce...
C'est un matin où le gris déborde du ciel. À la radio les nouvelles nouvelles sont déjà rances. On recycle les vieilles idées et le clinquant de l'emballage ne trompe plus. La Grèce s'enfonce dans le gris, la Syrie dans les ténèbres. Lucien Jerphagnon...
J'ai évoqué hier Emmanuel Jaffelin. En ce matin humide et gris, je lui laisse la parole : "Dans Mille plateaux, Deleuze oppose les rhizomes aux arbres, les premiers poussant par tous les bouts de manière horizontale, les autres s'élevant selon un axe...
Contre-offensive de l'arbre. Il revendique l'antériorité. Dans les temps originaux, c'est pour laisser un espace de vie à leur rejeton que ses parents, la Terre et le Ciel, acceptèrent de desserrer leur étreinte. Depuis, des radicelles à la canopée, c'est...
Rhizome. Son horizontalité l'assimile à une racine, mais c'est une tige. Horizontale et souterraine, porteuse elle-même de racines, de bourgeons qui donneront à leur tour des tiges aériennes. Le rhizome sait se faire oublier, occuper le terrain dans l'indifférence,...
Après cette semaine d'étonnement, la banalité du quotidien d'hiver a repris sa place. Ni pluie, ni vent, ni gel, ni soleil. Juste le gris du ciel et le vert fatigué de l'herbe. Une journée de plus. Une journée vide. Une journée dont on n'attend rien....
Ce matin le bruit du train m'a accompagné jusqu'à la photo. Cet appel vers l'ailleurs qui paraît incongru dans ce paysage de bocage. Le cliché est tenace : pays replié sur lui-même, sur ses traditions et son conservatisme. Comme tout cliché, si celui-ci...
Le vent a tourné. La pluie fait son entrée, que l'on dit maritime. Un gris de spleen a envahi le ciel, qui invite au voyage intérieur. Enlaçons-nous. Le vent vertigineux des jours Arrache la corolle avant la feuille morte. Le vent qui tourne autour de...
Saisi par le froid matinal, là, face au paysage, l'appareil photo à la main, juste savourer le spectacle de la lumière. En témoigner par l'image, puisque là est le jeu. Et rester, s'en mettre plein les yeux pendant quelques minutes, en sachant que ce...
C'est entre gelée blanche et rosée. C'est comme posé sur l'herbe, comme une revanche face à une colère de déesse. Tu as fait le monde, tu en es fière, mais moi je sais lui apporter cette touche d'élégance, de pureté dont la délicatesse t'est étrangère....
Malgré la fraîcheur matinale, la séquence "photo" est devenue plus longue depuis quelques jours. Impossible de ne pas jeter un coup d'œil à la glycine paresseuse, encore engourdie. La clématite, elle, est réveillée. Il faudra l'aider en coupant les extrémités...
Qui a zébré le ciel ? Selon quelle logique ? Depuis longtemps les hommes ne croient plus aux augures. Celles-là tout du moins. Ils ne s'étripent plus pour quelques vautours aperçus du sommet d'une colline. Ils ont trouvé mieux : frontière ou dieu, et...
Le temps prend son temps. Il est des matins où l'on se sent bousculé par la force du soleil. Comme si, s'arrachant de la nuit, il nous arrachait à nos songes pour nous pousser à l'action. Le matin de ce jour est placé sous le signe de la paresse. Il s'avance...
ll y eut d'abord un premier groupe. Il s'installa loin à l'horizon, comme s'il craignait la confrontation. Bien circonscrit, il était facile de le maintenir dans l'espace qu'on lui avait octroyé. On l'observait avec curiosité. On s'extasiait avec un brin...
L'occupation de l'espace prairial répond à des règles très strictes. À l'est se situe l'espace capitulaire. Tous les matins (notre photo), le troupeau s'y retrouve pour régler ses problèmes internes, discuter la qualité de la pâture, gérer les comportements...
Matin de silence. Le grand cirque fait relâche. Depuis des mois on promet, on affirme, on martèle, on vitupère, on suspecte, on enthousiasme, on repousse, on invective, on argumente, on séduit. Ce matin on la ferme. On a jusqu'à dimanche soir pour reprendre...
Devant mon objectif il y a la pluie, dans ma tête des souvenirs de complaintes lumineuses. Matin d'après Bratsch. D'après exil, Orient mon amour. D'après mélancolie, puissance et métissage. La Méditerranée comme repère, de la Palestine al Andalus, réunissant...
Ulysse, s'avançant avec son noble fils, emportait au trésor casques, lances aiguës et boucliers à bosses et, de sa lampe d'or, c'est Pallas Athéna qui faisait devant eux la plus belle lumière. Ainsi Victor Bérard traduit-il Homère. Suivons-les. Remisons...
Elles sont à la fois dans le pré et dans le champ, placides et musant. On pourrait jouer à les compter, proposer aux visiteurs d'en définir la race, évaluer le nombre de jours qu'il leur faudra pour venir dire bonjour au photographe. Leur donner des noms...