8h 53. Le disque du soleil effleure juste la ligne de la colline, à l'horizon.
8h 57. Il est visible dans toute sa plénitude.
Quatre minutes de pur bonheur que je savoure pour vous.
A quoi serviraient d'autres mots ?
tantvaletemps
Une photo. Chaque matin, une photo prise au même endroit. Pour témoigner des modifications imperceptibles, inéluctables, du temps qui passe et du temps qu'il fait. Il y aura bien quelques jours ailleurs, voire quelques jours sans. Ainsi va le temps, dans cet espace de liberté qu'il laisse aux hommes, certain qu'il est d'avoir le dernier mot. Quelques mots. Pour dire les humeurs, les colères ou les plaisirs, le rythme des pensées qui ne se contraint pas à suivre le rythme des jours. (extrait de Jour 1)
Ce projet a duré "en temps réel", du 1er janvier au 31 décembre 2012. Les articles de 2013 sont des retours sur les jours ailleurs de 2012.
8h 53. Le disque du soleil effleure juste la ligne de la colline, à l'horizon.
8h 57. Il est visible dans toute sa plénitude.
Quatre minutes de pur bonheur que je savoure pour vous.
A quoi serviraient d'autres mots ?
8h30 / 9h30 : en janvier, c'est l'heure où le temps s'accélère. Ce matin j'ai dû improviser un pied à l'appareil photo pour obtenir un semblant de netteté. Pour ceux que les chiffres intéressent :
01 01 : 9h 16, 1/250e de s
02 01 : 9h 07, 1/250e de s
03 01 : 8h 49, 1/40e de s
04 01 : 9h 06, 1/250e de s
05 01 : 8h 28, 1/3 de s
La photo joue avec la lumière, les lignes et les formes. Elle ne peut témoigner des sautes du vent, de la douceur de la pluie fine sur le visage, du bois trempé glissant sous les doigts qui sert de support à l'appareil photo.
D'abord vivre les choses, et puis parfois les photographier, les écrire, dans une tentative un peu vaine d'en restituer l'impression, la grâce ou la violence. Mais d'abord les vivre. Et en jouir.
Hier j'ai écrit poignée de main. De mains ? Arbitrage du dictionnaire. Poignée de main. Pourtant, pour une poignée, il faut deux mains. Mystère de l'orthographe.
Depuis hier, par un courriel à une partie de mon carnet d'adresse, ce blog est sorti de son laboratoire. Ou plutôt, les portes de son laboratoire se sont ouvertes. J'ai hésité sur le moment de rendre cette aventure publique. Pas trop tôt, le temps de maîtriser la technique (simple, à vrai dire) et de vérifier la faisabilité de la chose, mais pas trop tard, car l'intérêt d'un blog est dans la communauté qu'il génère : visites et commentaires. Certains ont répondu, par retour de courriel ou en postant un commentaire. Je vais essayer de réponde à chaque commentaire, si j'en ai le temps, si j'y prends du plaisir, s'il me semble que ça fait sens, pour jouer avec les mots, en clin d'oeil... Pour l'instant, je connais tous ces intervenants, nous nous sommes rencontrés, avons échangé regards, sourires, bises, poignées de main, souvenirs et propos, avons connu du plaisir à nous savoir bien aller, et de l'empathie devant les obstacles de la vie. Peut-être est-ce là une approche de l'amitié. Ce cercle ne demande qu'à s'ouvrir à des inconnus, pour faire un bout de chemin ensemble, et peut-être un jour partager regards, sourires, bises, poignées de main.. Réseau.
Plaisir de vous lire, fascination de découvir comment ce banal rectangle de prairie oriente vers Pierre Autin-Grenier, Paul Auster, Proust, ou un sage/fou de la civilisation arabe... Pensées en réseau. Peut-être est-ce là une approche de la culture.
Un jour je vous parlerai du rhizome. Mais nous avons le temps.
P.-S. : photo prise plus tard ce matin. La faute à Sophia Arham vs Nadine Morano. Un autre monde. Qui m'a fait apprécier de rejoindre mon carré de prairie.
Ce matin le jour tarde à se lever. L'éclairage public n'a pas encore reçu l'autorisation de s'éteindre. Hier soir, quelque part dans le monde des humains, à moins que ce ne soit dans celui des dieux, une Pénélope a dû reconnaître son Ulysse : "L'Aurore aux doigts de roses les eût trouvés pleurants, sans l'idée qu'Athéna, la déesse aux yeux pers, eut d'allonger la nuit qui recouvrait le monde : elle retint l'Aurore aux bords de l'Océan, près de son trône en or, en lui faisant défense de mettre sous le joug pour éclairer les hommes, ses rapides chevaux Lampos et Phaéton, les poulains de l'Aurore" (Odyssée, XXIII, dans la traduction de Victor Bérard, livre de poche). Des mots lumineux, qui aident à franchir une grise journée d'hiver.
Vingt-quatre heures de pluie, d'averses, de bruine, de crachin, en poitevin de guenasse, de fenasse, de brumasse... Vingt-quatre heures sans soleil. De quoi mettre le moral dans les chaussettes. Affirmer que sans soleil le moral en prend un coup est un lieu commun. Notre civilisation n'accepte plus la pluie, la considére comme un obstacle à l'agitation quotidienne... Ingratitude des hommes sous les latitudes qui ont le privilège de connaître l'averse. Sous d'autres contrées, on la prie. Ici le soleil est dieu. D'Amon-Rê au Christ en majesté rayonnant de lumière. On lui offre des corps sur les sables d'août. Jour sans soleil, jour libéré de ce dieu. Jour sans dieu, avec la pluie et le vent comme seul maître. Jour de pluie, jour qui remet l'humain à sa juste place, et tant pis s'il le paie de quelques éternuements. D'ailleurs, observez une personne qui éternue. Voyez comme elle ploie la nuque vers la terre. Hommage. Mais brièvement, pour relever le front dans l'instant. Pas de soumission dans l'éternuement.
Une photo. Chaque matin, une photo prise au même endroit. Pour témoigner des modifications imperceptibles, inéluctables, du temps qui passe et du temps qu'il fait. Il y aura bien quelques jours ailleurs, voire quelques jours sans. Ainsi va le temps, dans cet espace de liberté qu'il laisse aux hommes, certain qu'il est d'avoir le dernier mot.
Quelques mots. Pour dire les humeurs, les colères ou les plaisirs, le rythme des pensées qui ne se contraint pas à suivre le rythme des jours.
Une borne pour commencer, celle de la "nouvelle année 2012" puisque les hommes ont créé des bornes pour se rassurer. Alors qu'ils savent bien que "nouvelle année" et "2012" ne sont que conventions.
Une borne pour terminer ? On verra comment va aller le temps, si tant va le temps qu'à la fin...