29 janvier 2012
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À nouveau le dimanche. Des chiens aboient dans le lointain.
Habitués à la sortie dominicale, aux courses dans les prairies, aux percées dans les haies, aux hypothétiques envols de perdraux ou démarrages de lièvres, ils n'ont pas encore intégré la fin de la récréation. Il faudra plusieurs semaines pour que leur instinct, leur intelligence animale, accepte ces dimanches à la niche.
Ce matin la grille ne s'est pas ouverte, le ballet des camions n'a pas démarré, on n'a pas bouclé le mousqueton qui marque la fin de leur service. Ils ne savent plus où se situe leur fonction de gardiens. Les cyclistes et les coureurs à pied sont-ils des menaces ? Font-ils partie de ceux qu'ils ont le devoir de repousser ? La consigne manque de clarté. Et comme personne ne leur ordonne de se taire, ils en profitent : ils parcourent de toute leur puissance les quelques dizaines de mètres qui constituent leur territoire, débarrassés de la chaîne qui les entrave habituellement. Et ils gueulent, sourds aux injures inutiles des sportifs les plus ringards : ceux qui n'ont pas d'écouteurs sur les oreilles.
À nouveau, le dimanche et ses rites modernes.
Published by Claude Burneau
28 janvier 2012
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Le combat est rude. Tout en haut, la Force, la Puissance, la Tradition. L'Unique. En bas, le Léger, le Diffus, l'Evanescent. Le Multiple. Objectifs du premier : vaincre, liquider, gommer. Imposer. Objectifs du second : voiler, contester, partager. Négocier. Deux conceptions du monde, deux conceptions de la vie.
Published by Claude Burneau
27 janvier 2012
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09:37
Le blanc est revenu. Discret, léger. Pas le blanc acéré qui étouffe les couleurs, caparaçonne les formes, éclate de sa lumineuse présence. Un blanc qui s'est déposé sur la végétation en fin de nuit, à peine solide, pour se faire rosée, aigail, dès les premières lueurs de l'aube, puis voile de brume, brouillant la limite entre le sol et l'air, s'élevant imperceptiblement vers le ciel. Encens du soleil. Maintenant l'équilibre est trouvé. Ligne de nuages se retirant lentement pour faire place à un ciel uniformément bleu. Lignes végétales posées, fixées, figées dans l'immobilité de l'air. Tout est en place. Le monde tourne rond. Provisoirement : le soleil dans quelques minutes va repousser le dernier pan de nuées. D'autres couleurs, d'autres lumières. Un autre équilibre. Le monde continuera de tourner rond.
Published by Claude Burneau
26 janvier 2012
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09:08
Ce matin, pour la première fois me semble-t-il, au moment où je prends ma photo, j'entends le moteur d'un tracteur. De retour devant ce blog, je visionne les photos du mois. Je recherche les traces de l'activité humaine "en action". Elles sont rares : un car scolaire, dans le lointain, qu'il fallait de bons yeux pour apercevoir. Ce paysage semble hors du temps, hors du quotidien. Effet trompeur d'un cadrage. J'ai déjà dit ce qui habite le hors-champ. Le rural a ses rythmes, mais sont-ils si différents de l'urbain ? Le temps de l'activité professionnelle uniformise : rentabilité, nécessité de rembourser les emprunts, course pour concilier famille et travail. À la ville comme aux champs. Jardins du Luxembourg ou prairie vendéenne, même parenthèse dans l'agitation collective. Les premiers romantiques, la seconde banale ? Qui fixe l'aiguille de ce curseur ?
Published by Claude Burneau
25 janvier 2012
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09:23
Le jour est levé depuis un bon moment. Les couleurs baignent dans une lumière diffuse qui abolit les ombres. Pas un souffle de vent. Calme, paisible. Dans mon dos, à la cime du sapin, une pie pérore. Je fais dans l'instant le lien avec une autre péroraison, que mon départ vers ce lieu vient d'interrompre. Péroraison d'une candidate-qui-voudrait-bien-mais-qu'est-pas-sûre-de-pouvoir, il y a quelques minutes à la radio. Même volonté d'occuper l'espace sonore. La puissance avant tout. Je ricane tout seul dans mon fond de jardin : noir et blanc, ni l'une ni l'autre n'a inventé la couleur ? Mais derrière la péroraison lancinante, le concert des autres piaillements. Soulagement : d'autres voix se feront toujours entendre, moins fortes peut-être. Mais plus harmonieuses.
Published by Claude Burneau
24 janvier 2012
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08:31
Premier accroc dans le continuum blogo-spacio-temporel. Ce blog étant consacré à un lieu particulier, il y aura ainsi, périodiquement, quelques blancs (ou noirs). Ce matin les gouttes tombent lourdement des arbres. Leur impact sur les feuilles mortes est le seul son à proximité : pas de chants d'oiseaux, pas de vent. Ce quasi silence amplifie leur rythme obsédant. Pour me rappeler que le temps de la nature n'a que faire de l'agitation des hommes ? Pour me reprocher le blanc/noir de ces trois jours ?
Published by Claude Burneau
20 janvier 2012
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07:16
Nécessité fait nuit.
Urgence fait court.
Published by Claude Burneau
19 janvier 2012
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09:14
Un cadre naturel redécouvert en août après avoir démonté une cabane de jardin. À droite ce que je pense être un frêne (1) et à gauche une épine. Cadre ouvert sur les prairies bocagères. Pas de trace d'urbanisme ? La photo est trompeuse : le frêne cache un bâtiment agricole, cadrer quelques millimètres plus à gauche laisserait paraître les premières maisons d'un lotissement. Au premier plan la haie sauvage qui limite les parcelles. Quelques poteaux électriques, un de ces chemins que l'on disait naguère vicinaux, au fond à droite. Un ruisseau caché par la haie à l'arrière de la première prairie, avant la remontée sur la petite colline (peut-on néologiser "collinette" ?)
(1) Mes compétences en botanique sont limitées. Je procède par élimination. Pas un chêne, pas un châtaignier, deux arbres que je sais reconnaître. Pas un aulne non plus (dans la région on dit "vergne") : je peux comparer avec "l'arbre de la liberté" de Pif-gadget planté à quelques dizaines de mètres en 1989, à l'occasion du bicentenaire (j'aimerais rencontrer - physiquement ou virtuellement - d'autres planteurs de ces arbres-gadget de Pif). Arbre de la liberté planté trop près d'un sapin et qui depuis plus de 20 ans résiste à l'hégémonie du conifère. J'aime le symbole.
Published by Claude Burneau
18 janvier 2012
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09:05
Où est passé le paysage ?
Pour mon appareil photo, il n'existe pas. Mais je mets sur ces pixels uniformément gris les mots "brouillard", "haies", "collines", "arbres". Je puise dans mes souvenirs et je perce la brume, je complète un paysage, celui que je connais. Mais l'opacité du gris m'autorise le rêve. Au gris j'ajoute des nuances : les ultimes reflets d'une chasse-gallerie, la silhouette d'une dame blanche ou un rire de fradet...
Mon regard se concentre sur le premier plan : l'aubépine tient sa revanche. Ce matin je ne verrai qu'elle. Elle le sait bien, elle s'est parée de ses plus beaux bijoux, elle brille de toutes ses larmes de lumière.
Le transporteur voisin démarre son camion. Je le soupçonne de trouver ce matin moins poétique.
Published by Claude Burneau
17 janvier 2012
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09:03
Si une fenêtre t'annonce "regarde par la fenêtre mais ne te penche pas à la fenêtre, n'ouvre pas la fenêtre, ne ne te jette pas par la fenêtre", alors elle n'a rien à voir avec une fenêtre. (Rodrigo Garcia, prologue à Golgotha picnic, Les solitaires intempestifs, Éditions)
Ce matin la prairie me dit que la clôture électrique ne fonctionne pas, qu'elle m'invite donc à fouler son herbe, et que les branches des arbres qui l'entourent, si je les choisis bien, peuvent soutenir une corde et la détresse qui aurrait décidé de s'y accrocher. Je suis rassuré : cette prairie a bien à voir avec une prairie.
Published by Claude Burneau