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8 février 2012 3 08 /02 /février /2012 08:07

0208.jpgC'est un de ces matins où on ne traîne pas dehors.

Vite se rendre sur le lieu de la photo, juste le temps d'un haïku angoissé d'hiver :

Si le sol raidi

par le garrot des gelées

ne respirait plus ?

et au retour, juste le temps d'un haïku apaisé :

Le sol s'est raidi

sous le garrot des gelées

il retient son souffle.

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7 février 2012 2 07 /02 /février /2012 08:20

0207.jpgSi on se souvient trop, on est paralysé par la mémoire, affirme l'architecte Renzo Piano entendu ce week-end à la télévision. Contrepoint provocateur au C'est la mémoire qui fait votre identité de Voltaire. Ce matin, en écoutant la neige gelée craquer sous mes chaussures, je passe au crible mes souvenirs d'hivers. Qu'est-ce qui fait qu'on est capable d'en dater certains ? Il en est qui sont passés dans la mémoire collective. Hiver 56, j'y ai déjà fait allusion, balise dans la mémoire des ruraux de l'ouest, avant l'hiver 54, celui de l'abbé Pierre. (Un mort de froid, et toute la France se mobilise après son appel relayé par les ondes. Près de 60 ans plus tard, combien de morts de froid, et les ondes saturées de la pestilence brune qui hiérarchise les civilisations.) D'autres sont des souvenirs personnels : un blanc dimanche de fiançailles en décembre 70, des voitures bloquées par le gaz-oil gelé dans les réservoirs, début 85... Autres hivers oubliés, qui ont eu eux aussi leurs coups de froid, leurs jours de blanc. La neige des souvenirs fond comme celle du ciel. Voltaire encore pour conclure : Si la mémoire, nourrie et exercée, est la source de toute imagination, cette même mémoire surchargée la fait périr.

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6 février 2012 1 06 /02 /février /2012 08:34

0206Mauvais pronostic. Elle est toujours là. Hier on a organisé sa journée autour de sa présence : on a marché, couru, joué, modelé, lancé, glissé. On a cherché les traces des animaux sur le blanc. Un oiseau, un lièvre, un chevreuil ? On a redécouvert le découpage du parcellaire bocager, bien visible en noir sur blanc. On est allé demander au voisin s'il n'avait besoin de rien. On a pris le temps de la conversation avec les autres passants. Le blanc a mis un peu de chaleur dans l'humaine condition. Le côté blanc du blanc. On s'est endormi avec le sentiment d'en avoir bien profité. Avec une légère inquiétude cependant, qu'on a repoussée dans le sommeil. Et ce matin elle s'est amplifiée, cette inquiétude : dans quelle condition se rendre au travail ? Comment donner à boire aux animaux ? Qu'est-ce qui va s'annuler, se reporter ? Aujourd'hui on est lundi. Le côté noir du blanc. 

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5 février 2012 7 05 /02 /février /2012 09:06

0205.jpgElle est là, comme prévu. Elle est arrivée juste assez tard pour permettre les retours nocturnes, juste assez tôt pour éclairer l'ouverture des volets. Le porteur de journaux est resté sous sa couette. L'écureuil est désorienté, mais il sait deviner les noisettes sous le voile léger. Elle est là et le sourire éclaire les visages. Les enfants ont déjà enfilé anoraks et bonnets, ils ont aujourd'hui droit à la bagarre, sous le regard bienveillant des parents qui ne vont pas tarder à s'en mêler. À la radio, Françoise Héritier présente son livre Le sel de la vie : " Nous avons tendance à vouloir être des cerveaux, des intellects, alors que nous sommes en fait un terreau de sensations, de perceptions que généralement nous repoussons, nous ne cherchons pas à faire paraître au jour ". Aujourd'hui, la neige nous autorise à laisser émerger ce terreau. Et en Bas-Poitou, il faut vite en profiter. L'écran, lui, sera toujours là demain.

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4 février 2012 6 04 /02 /février /2012 09:09

0204.jpgLa terre se purifie. Le froid élimine les parasites, la vermine, les bactéries. Cette affirmation, tellement rabâchée, est devenue une évidence. Une évidence qui dérange. On essaie de la remettre en cause par l'humour et la dérision : ainsi donc, il ne doit pas y avoir de tuberculose en Sibérie ! Mais on sent bien les limites de l'exercice. Quand on écoute les nouvelles du jour, on comprend où est le danger. Ce sont les pauvres qui crèvent de froid. À transposer le dicton climatique, l'amalgame se dévoile. Les discours cyniques, haineux, abjects, sont cachés dans l'ombre, tout prêts à surgir, à se répandre dans les esprits primaires. Alors, que les hommes laissent le froid et les parasites à la terre. Et qu'ils s'occupent d'eux. Ils en ont bien besoin.

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3 février 2012 5 03 /02 /février /2012 09:05

0203.jpgSi l'on se  tourne vers l'orient, le soleil déjà levé oblige à baisser les yeux, à plier la nuque. Et voilà que les hommes (qui ont une tendance naturelle à en faire trop) courbent le dos, s'agenouillent, se prosternent. Voilà que cette attitude, née d'un à trouble visuel passager (mais collectif) se codifie, devient rite. Voilà que ceux qui ont décidé de se tourner vers l'occident, ou de marcher à reculons, sont pointés du doigt. Voilà qu"il faut organiser, légiférer, contrôler. Voilà que les puissants s'en emparent, le confisquent, l'utilisent pour justifier leur fonction. Le soleil s'en moque. Il lui arrive même d'exprimer son affliction. Alors son soupir est bourrasque.

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2 février 2012 4 02 /02 /février /2012 13:05

0202.jpgLe sol a perdu sa souplesse. Sous la semelle, ça craque, ça crisse. Les vers de terre font relâche, leurs cônes de chantier ont peuplé leur nuit de rêves de cairns. Ils sont presque exaucés ce matin. Ça siffle blanc entre les branches du sapin. L'hiver s'est concentré en rouleau rouge de froid, à l'horizon d'orient. Prêt à se dérouler, à se fondre dans le bleu du ciel pour bloquer toute tentative de réchauffement. Faut que ça passe, dit le bon sens populaire. Il était temps que ça arrive. On se console comme on peut. N'empêche que les humains pressent le pas, emmitouflés, courbant le dos sous la bise. Ils ont peuplé leurs nuits de projets estivaux. Ce matin, le souvenir de leurs rêves les aide à ouvrir la porte. La fermer ne réglera pas le problème : il fera toujours aussi froid dehors.

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1 février 2012 3 01 /02 /février /2012 13:05

0201.jpgUn mois. Et quelles évolutions ? Rien de bien visible. Seul l’allongement des jours est signe de renouveau. C’est à l’intérieur que tout se joue, que tout se noue. Affaire de chimie, de sève, d’enzymes, d’hormones. Depuis l’aube des temps humains, on sait que c’est en train de se faire. On a fait son deuil de l’ancien, du père, on a fait naître le nouveau. Il est encore à l’état fœtal : la Terre-mère le porte, l’ange Gabriel a délivré son message. Dans quelques semaines se fera la naissance au monde, la résurgence, la résurrection. On attend ce jour. L’invention de la photo (et des blogs) a-t-elle altéré les facultés de patience ?

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31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 08:32

0131.jpgAprès s'être crispée pour recevoir la neige, la terre l'a accueillie, puis doucement assimilée, et digérée. Maintenant elle en est gorgée, et prend ses aises. Si vous écoutez attentivement, vous entendrez ses entrailles sussurer leur plaisir. Le ver de terre profite de ce lâcher prise provisoire, de petits cônes se forment à la surface qui attestent de son labeur. La terre attend l'humain, elle s'est faite toute souple pour recevoir son pied, modeler son empreinte, et faire le don de cette infime partie d'elle-même qui le suivra pour les pas à venir. La terre accompagne l'homme. La terre lui rappelle sa présence essentielle. C'est suffisant pour que son esprit se mette en marche. Ces macules sur sa botte lui suggèrent : " Aujourd'hui je te fais don d'une parcelle de mon corps. À charge de revanche. " La terre rappelle l'homme à l'ordre. À son ordre. 

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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 09:19

0130.jpgPanique chez les étourneaux. Les uns se rapprochent des maisons, piètent affolés, s'envolent au dernier moment dans des piaillements de détresse. D'autres se sont regroupés sur les fils électriques et font grand tumulte : appels à la solidarité ou insultes contre ce ciel gris qui floconne blanc ? Dans les classes, j'imagine les coups d'œil vers les fenêtres, l'attente fébrile du retour anticipé des transports scolaires, les rêves de bonhomme au nez de carotte, de batailles, et de luges sur sac poubelle. À l'indolence de la neige répond l'excitation de l'animal. Le végétal, lui, supporte sa nouvelle parure.

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