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18 février 2012 6 18 /02 /février /2012 09:19

0218.jpgÉva Joly à la radio, cause énergie(s). Quand la brume sera levée, j'imagine des éoliennes sur le sommet de la colline. Insupportable ! Paysage détruit ! Verrue technologique ! Je suis dubitatif devant ces indignations. Si un supermarché de pacotille et le bitume de son parking  déclenchent illico mon ire, je trouve les lignes de ces pylônes métalliques plutôt discrètes, et esthétiques (des goûts et des couleurs...). Quant au bruit, mes rares expériences de proximité ne m'ont pas convaincu. Mes questions sont ailleurs : dans la provenance des matériaux et dans la quantité d'énergie nécessaires pour leur fabrication, dans le recyclage de ces matériaux, dans cette tradition française centralisatrice qui n'autorise que grandes unités de production et système complexe de contrôle et de gestion. J'ai le sentiment de ne pas maîtriser les enjeux. Et pourtant il faut bien se faire une opinion, un jour peut-être prendre position. Paradoxe du citoyen.

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17 février 2012 5 17 /02 /février /2012 09:02

0217.jpgCachée derrière l’arbre de droite, une maison. Bien que presque voisine, je ne connais pas ses habitants. Je m’en amuse ce matin, et commence à jouer mon Pérec de bazar : la maison mode d’emploi. J’imagine drames et comédies, conflits de génération et amours illégitimes. Chaque maison est un roman, chaque famille intrigue. Sans doute mon imagination laborieuse ne dira-t-elle pas le dixième de l’intensité des relations, des tensions, des félicités qui se jouent, se sont jouées, se joueront entre ces murs. Je me prends souvent à regarder avec les yeux de la fiction un(e) inconnu(e) croisé(e) dans la rue : qu’est-ce qui le(la) fait avancer ? je mets alors dans ses pas les pas de mes chimères. À défaut de quart d’heure de gloire à la télé, j’aurai été Balzac jusqu’au coin de la rue.

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16 février 2012 4 16 /02 /février /2012 08:48

0216.jpgC'est un matin où le gris déborde du ciel. À la radio les nouvelles nouvelles sont déjà rances. On recycle les vieilles idées et le clinquant de l'emballage ne trompe plus. La Grèce s'enfonce dans le gris, la Syrie dans les ténèbres. Lucien Jerphagnon s'est tu. Jacqueline de Romilly ne nous éclairera plus de ses passions contagieuses. Le printemps de la pensée tarde trop. Inutile de relever la tête quand le gris dégouline sur les jours. La relever pourtant. Se rassurer bien vite de la déchirure dorée qui se diffuse large et éclaire le gris. On ne trouve pas la lumière dans la boue de ses chaussures.

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15 février 2012 3 15 /02 /février /2012 09:47

0215.jpgAprès cette semaine d'étonnement, la banalité du quotidien d'hiver a repris sa place. Ni pluie, ni vent, ni gel, ni soleil. Juste le gris du ciel et le vert fatigué de l'herbe. Une journée de plus. Une journée vide. Une journée dont on n'attend rien. Une journée de gens d'en bas, de turbin assumé, de soucis habituels, de clés égarées et de vagues projets. On ne croit  plus à la rencontre imprévue. La Saint-Valentin c'était hier. Aujourd'hui est jour de claudication. Alors on essaie de garder son équilibre entre le poids des contraintes et les bonheurs fugaces. Une journée de vies minuscules. La province dont je vous parle est sans côtes, plages ni récifs...

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14 février 2012 2 14 /02 /février /2012 08:41

0214.jpgParenthèse refermée. La prairie a perdu sa parure, les étourneaux ont retrouvé leurs fils électriques, les humains ont repris leur rythme. Comme si rien ne s'était passé. Presque comme si. L'herbe n'a plus le même vert, sa résistance au froid l'a jaunie. Dans la vie souterraine, il y a eu des tensions, des éliminations, des mutations, des infiltrations. Chacun des humains garde à l'esprit une anecdote, un souvenir. Balade, chute, canalisation coupée, détresse ou fascination. Les uns ont enrichi leur photothèque, sorti papier aquarelle ou toile. Les autres se sont concentrés sur leur survie. Tous ont pensé, à un moment ou l'autre "c'est beau". Pour certains ce fut fugace, vite submergé par "c'est douloureux". Quand la parenthèse se referme, on n'est jamais indemne de son contenu.

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13 février 2012 1 13 /02 /février /2012 09:07

0213.jpgLà-bas, loin vers l'est, de l'autre côté des prairies, des collines et des montagnes, un peuple dit non. Il dit qu'il ne paiera pas pour ceux qui se sont enrichis sur son dos. Un peuple qui se considère, depuis plus d'un siècle, comme le jouet des grandes puissances. Un peuple qui se dresse contre le diktat de l'étranger. Un peuple qui refuse d'être considéré comme un enfant que l'on doit éduquer, conseiller, et punir. Ce matin, je me sens plus proche des Grecs dans la rue que des Français favorables à un référendum sur les droits des étrangers. Identité culturelle, identité sociale, avant l'identité nationale. Citoyen du monde des petites gens front levé. Et poing, quand il le faut. Ici, ou loin vers l'est, ou ailleurs. Pas si loin.

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12 février 2012 7 12 /02 /février /2012 09:26

0212.jpgInstantané d'une construction, ou d'une destruction. Équilibre instable et mouvant. Lutte pour un pouvoir en cours d'acquisition. Combat inscrit dans le temps, qui se joue dans les interstices, qui détruit en absorbant, qui construit en assimilant. Espace ouvert sur le non dit. Invitation à poursuivre, à imaginer, à compléter. Repérage de ce qui refuse de se dire, d'un silence plein, lourd peut-être. Essoufflement de la liste. Effacement devant l'infini entrevu. Apprivoisé, il devient art, et gagne sur les cimaises la consécration d'un suffixe. Réhabiliter le pointillé.

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11 février 2012 6 11 /02 /février /2012 08:38

0211.jpgJ'avais dans l'idée un matin d'après Découflé. Encore sous le charme, j'imaginais confronter le noir et blanc au blanc et vert. L'octopus aux étreintes de la bise. Le mouvement au décor. Le fugace au permanent. Le corps aux éléments. Et puis voilà que j'ouvre l'Ouest-France quotidien. "...la routine (...) mise en confiance dans un univers rassurant. On s'occupe de sa tranquillité de base pour mieux l'essorer. On canalise le troupeau pour éviter les émeutes." C'est Yannick Jaulin qui cause. De qui ? Ce matin, le pré est vide, mais dans quelques semaines elles seront là. Routine, univers rassurant, tranquillité de base. Sans doute. Mais je ne peux m'empêcher de penser que les mots de Yannick s'adressent davantage aux hommes qu'à celles qui vont fouler, et paître, cette herbe pour l'instant durcie de gel. J'ai hâte qu'elles viennent faire les curieuses de l'autre côté de la clôture. De vérifier si elles portent un quelconque intérêt à un photographe matinal. Peut-être, dans ma visite quotidienne, de devenir pour elles routine, univers rassurant, tranquillité de base. Vache de programme.

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10 février 2012 5 10 /02 /février /2012 08:38

0210.jpgQu'est-ce qui se joue là-dessous ? Dans le secret de ce contact entre deux épidermes, l'un rigide, compact, sec et l'autre léger, soyeux, humide ? Qu'est-ce que se joue dans l'addition de ces deux froideurs qui se réchauffent, dans cet espace qui s'ouvre quand chacun des deux se transforme, quand l'humide se dissout, caresse le dur et subtilement en distend les tissus, s'insinue dans sa matière, lui redonne souplesse ? Doucement ça reprend son, c'est à peine audible, ça susurre de vie, ça bruit de plaisir. Ça prend son temps aussi. Cette année ça dure depuis bientôt une semaine. Est-ce que c'est un signe ? Est-ce que ça parle encore aux humains, cette jouissance élémentaire ?

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9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 08:35

0209.jpgCette lueur orangée, du côté du levant, qui se densifie de minute en minute. Ce disque rouge qui se lève sur le blanc tenace. La neige et le sang. Émergent des images dont j'ignore l'origine. Chromos de soldats agonisants, le front bandé, sur le flanc de chevaux aux yeux révulsés, près de la roue détruite de l'affût d'un canon, sur les neiges et les glaces de la Bérézina. Je rajoute une couche de neige à la brume d'Austerlitz, à la boue de Verdun. Ça fait de belles images. Esthétisme de la violence. Est-ce que c'est ça, l'art ? Est-ce que ça fait avancer les idées humanistes ? ou est-ce que ça banalise, en esthétisant ? Je cours après les réponses, je n'ai qu'une certitude : que le soleil est beau en ce matin de paix !

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