4 avril 2012
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09:37
Si le printemps des prairies poursuit son inexorable maturation, celui des poètes, l'officiel, a fermé la parenthèse de ses Enfances. Malgré les jours hypocrites chargés de présents factices, malgré leur ronde de derviches (cf.Ralph Waldo Emerson cité hier par Fred) , il y a de la permanence, de la ténacité, de la force vitale dans la succession des matins. Et ce que chacun peut y trouver, dans ses saisons de vie. Retour au Printemps des Poètes avec son maître d'œuvre, Jean-Pierre Siméon :
(...) Mais si je dis
Le bonheur est à tous
Et tous sont heureux
Quelle saison diras-tu
Quelle saison des hommes ?
Published by Claude Burneau
3 avril 2012
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08:52
Le vent de sud-est, si constant ces derniers jours, a cessé ce matin. Une fine rosée s'est déposée sur l'herbe, qui s'évanouira avec les premiers rayons de soleil. Le temps écoute. Sans doute sait-il entendre ce qui échappe à notre ouïe imparfaite et formatée d'humain. Les humeurs qui accompagnent la mutation de la nature, entre douleur et libération. Pour les Anciens, le printemps est la saison où la Terre-mère enfante l'Enfant-roi. Celui qui ne vivra que le cycle d'une année et renaîtra avec la roue des saisons. Le temps sait tout celà, et pourtant il écoute. Témoin patient et attentif. Écoute le temps.
Published by Claude Burneau
2 avril 2012
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Ce matin tout est couleur. L'écorce s'est parée d'une chaude lumière, les fleurs du tilleul s'affirment en touches pastel. La couverture de l'herbe offre ses ondulations à la palette des ombres. Ce qui semblait, au lointain, simple bouquet de conifères, dévoile sa diversité en puisant dans une large gamme de teintes, du jaune au vert. Le soleil anime l'uniformité du ciel. Ce matin, mêrme le blanc est couleur.
Published by Claude Burneau
1 avril 2012
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08:31
Paysage bovinement habité pour saluer avril. Le paysan a le sens du suspens : il a commencé par le pré en arrière-plan, juste pour vous inciter à cliquer de jour en jour jusqu'au jour où... Pourtant tout est prêt. J'ai parlé de la clôture vérifiée. La prairie elle-même s'est préparée, elle a pris de l'ampleur, s'est épaissie, les fleurs de pissenlits se sont dressées sur leurs tiges gonflées de sève liquoreuse. Sa puissance de vie est sur le point de l'étouffer. Elle attend maintenant avec impatience la tonte animale pour pouvoir respirer, puis reprendre sa croissance et s'offrir à nouveau. Il y a du désir jusque dans les touffes d'herbe.
Published by Claude Burneau
31 mars 2012
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Le pissenlit en fleurs est discret le matin. La lumière le réveille doucement. La chaleur du soleil le sort lentement de son engourdissement nocturne. Alors seulement il consent à s'épanouir, à colorer le tableau pointilliste de la prairie. Pour la photo, il s'est dissimulé, il a fondu son feuillage dans les herbes. Ce matin, c'en est fini de sa discrétion. Les pieds les plus impatients assument pleinement la rondeur de leur bouquet d'espoir. Ils savent sa fragilité, qui est aussi leur force : ainsi, au gré de tous les vents, l'espèce perdurera, dans les prés, et dans les dictionnaires.
Published by Claude Burneau
30 mars 2012
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Négligeable, sans intérêt. Insignifiant ce bout de prairie. La parole à René Char : C'est le peu qui est réellement tout. Le peu occupe une place immense. Il nous accepte indisponibles. Et voilà que par la magie de ce rendez-vous quotidien nous sommes quelques uns (et moi le premier) à nous rendre quelques instants disponibles à ce peu qui occupe tout l'espace.
Published by Claude Burneau
29 mars 2012
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09:23
Aujourd'hui Marcel Aymé aurait 110 ans... Et pas de jument verte dans ma prairie. Dommage. En ces temps si sérieux, si lourdement plombés par des faits divers sordides, l'humour caustique de cet auteur manque cruellement. Je lui laisse la parole : Cultivateur et maquignon, Haudoin n'avait jamais été récompensé d'être rusé, menteur et grippe-sou. Ses vaches crevaient par deux à la fois, ses cochons par six, et son grain germait dans les sacs. Il était à peine plus heureux avec ses enfants et, pour en garder trois, il avait fallu en faire six. Mais les enfants, c'étaient moins gênant. Il pleurait un bon coup le jour de l'enterrement, tordait son mouchoir en rentrant et le mettait sécher sur le fil. Dans le courant de l'année, à force de sauter sa femme, il arrivait toujours bien à lui en faire. C'est ce qu'il y a de commode dans la question des enfants et, de ce côté-là, Haudoin ne se plaignait pas trop. Il avait trois garçons bien vifs et trois filles au cimetière, à peu près ce qu'il fallait.
Published by Claude Burneau
28 mars 2012
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08:54
Est-ce que l'arbre jouit du rayon de soleil sur son écorce ? Est-ce qu'il en apprécie la douceur ? Est-ce qu'elle fait éclore au cœur de son aubier ce frisson délicieux que les humains appellent plaisir ? Est-ce qu'il a conscience du plaisir qu'il donne, s'offrant aux regards dans sa nudité matinale ambrée de lumière ? Si l'hédonisme est plaisir partagé, alors l'arbre est disciple d'Epicure. Et Michel Onfray bienvenu en ces prairies.
Published by Claude Burneau
27 mars 2012
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Le DJ des oiseaux a poussé le curseur. Ça swingue dans les buissons, ça virevolte dans les chênes, ça s'excite sur les branches. Déco spéciale printemps pour émoustiller les sens, pour cacher les flirts. Depuis vendredi MC Coucou mène la danse. C'est le temps des passions, la revanche de la vie. Let it be.
Published by Claude Burneau
26 mars 2012
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09:18
Retour dans les prairies vendéennes après une escapade normande dévoilée par le commentaire d'un visiteur. D'un "Village en poésie" à l'autre. Réseau d'amitiés et de fraternité en poésie tissé au fil des ans. Il ya l'écriture bien sûr, cette attention commune, sans forfanterie, à des bricolages avec la langue, artisans/jardiniers des mots. Cette militance aussi, qui inscrit ces parcours dans de l'action culturelle ouverte sur le monde, en étant attentif à l'échange, à cet équilibre instable entre exigeance et acessibilité. Je crois bien que c'est ce que naguère on appelait éducation populaire... Et je sais que, rhizomes ou forêts, certains portent encore ses valeurs. Dinosaures ou précurseurs ?
Published by Claude Burneau