24 avril 2012
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07:45
Une éclaircie, le temps de prendre la photo. La cuve de récupération d'eau de pluie s'est remplie en quelques heures. Le temps qu'il devait faire en 1671. Un temps à embourber les convois de poissonniers. Un temps à retarder l'arrivée des saumons, des turbots et des raies à la table du roi. Un temps à désespérer un maître d'hôtel. Un temps à l'auto-embrochage. Le 24 avril 1671, Vatel se suicide au bout de la nuit, au bout de son impatience, quelques minutes avant l'arrivée de ses commandes. Le festin royal aura lieu malgré le drame. "On dîna très bien, on fit collation, on soupa, on se promena, on joua, on fut à la chasse ; tout était parfumé de jonquilles, tout était enchanté..." chronique cette "bonne" madame de Sévigné. Vatel en ma prairie : à défaut de poisson, quelques steaks auraient pu prolonger sa vie.
Published by Claude Burneau
23 avril 2012
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08:37
Bourrasques et pluie continue. Un temps à ne pas mettre une vache au pré. Au pré, elles ont su trouver un abri. Elles ont repéré le sens du vent, et de la pluie. Un maigre buisson d'épines suffit. Avantage supplémentaire, cette herbe bien épaisse qui n'a jamais été piétinée. Il suffit de baisser le cou. Rumination lente et appliquée que rien ne vient troubler. Si, un bruit incongru, un bruit d'humain. Ce qui doit être un humain, sous une carapace jaune vif. Le visage caché derrrière un parallélipipède noir. Quelques secondes, trois mots, et puis s'éloigne sous la bourrasque et la pluie. L'humain a des comportements déconcertants, se dit la vache en reprenant son broutement flegmatique.
Published by Claude Burneau
22 avril 2012
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09:17
Billet nostalgie. C'était en 1968 et ils s'appelaient Les enfants terribles. Ils chantaient :
Bonjour le petit jour
Es-tu un beau ou mauvais jour
(...)
Dis-moi
Nous amènes-tu la pluie
Dis-moi
Si tu pleures ou si tu ris
Qu’as-tu choisi pour ami
Un parasol un parapluie
Ça va bien à un matin d'élection, quelques décennies plus tard.
Published by Claude Burneau
21 avril 2012
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08:02
Matin de silence. Le grand cirque fait relâche. Depuis des mois on promet, on affirme, on martèle, on vitupère, on suspecte, on enthousiasme, on repousse, on invective, on argumente, on séduit. Ce matin on la ferme. On a jusqu'à dimanche soir pour reprendre son souffle. On a eu l'illusion de créer une nouvelle théorie de la gravitation universelle. Les animaux qui arpentent paisiblement les prairies nous rappellent que le présidentielocentrisme n'est que trompe-l'œil, et que ce qui compte avant tout, c'est la qualité de la pâture, l'équilibre entre soleil et pluie, et la chaleur du troupeau. Les humains qui les entourent disposent encore de 24h de rumination. Un souhait : que ce qui terminera cette rumination soit bon élément fertilisant.
Published by Claude Burneau
20 avril 2012
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08:49
Encore un matin de lumière. Dans un récent courrier, Titi Bergèse me précise que FIAT LUX furent les deux premiers mots typographiés par Gutenberg. Les raisons de ce choix seraient techniques : il ne disposait que d'un seul exemplaire de l'alphabet, il lui fallait donc choisir une expression, qu'il voulait latine, qui ne comporte pas deux fois la même lettre. Et qui ouvre aussi un bel espace à l'imaginaire autour de la lumière et de la connaissance. Merci Titi, tu es la lumière de ce billet.
Published by Claude Burneau
19 avril 2012
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08:41
Un matin à caresser la brume.
Un matin à effacer les troupeaux.
Un matin à faire pleurer les fleurs.
Un matin gorgé de vies.
Un matin de désirs.
Un matin de promesses.
Un matin de chagrins.
Un matin intense et volatil.
Un avril de matin.
Published by Claude Burneau
18 avril 2012
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08:06
Questions existentielles d'un matin humide :
Est-ce que les vaches en herbe sont à l'aube d'une belle carrière ?
Est-ce que qui vole une hache vole une vache ?
Est-ce que pris d'une pressante envie, il est possible de pisser comme vache qui pleut ?
Est-ce que les vaches françaises comprennent l'espagnol ?
Est-ce qu'à force de regarder passer les trains, les vaches ont le regard hagard ?
Liste non définitive, évolutive et participative.
Published by Claude Burneau
17 avril 2012
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07:44
Le vent a tourné. La pluie fait son entrée, que l'on dit maritime. Un gris de spleen a envahi le ciel, qui invite au voyage intérieur.
Enlaçons-nous. Le vent vertigineux des jours
Arrache la corolle avant la feuille morte.
Le vent qui tourne autour de la vie et l'emporte
Sans vaincre nos désirs peut rompre nos amours.
Et s'il veut nous ravir à la vertu d'éclore,
Que nous restera-t-il de ce jour surhumain ?
La fièvre du front lourd, trop lourd pour une main,
Et le songe, qui meurt brusquement à l'aurore.
Pierre Louÿs - Pervigilium mortis
Published by Claude Burneau
16 avril 2012
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08:22
Si le jaune est une couleur chaude, ce matin il n'est que promesse de chaleur. Le vent du nord s'est affaibli, mais lavant le ciel il souffle un froid qui crispe autant les humains que la végétation. Il y a comme une lutte entre cette rigueur persistante et la promesse mouvante du soleil. Glisssant vers le sud il va donner un peu de baume au cœur des hommes et d'énergie à la sève des plantes. S'il l'emporte le ciel se parera de diversité. On naviguera entre pluies salutaires ou redoutées et soulagements d'embellies. Chaque jour nouveau apportera son lot de surprises, de désirs, de satisfactions et de mécontentements. Il paraît que les périples des hommes les mènent depuis l'aube des temps de l'est vers l'ouest. Sur ce chemin le nord est à droite, et le sud à gauche. Et tout demi-tour est régression.
Published by Claude Burneau
15 avril 2012
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Elles sont à la fois dans le pré et dans le champ, placides et musant. On pourrait jouer à les compter, proposer aux visiteurs d'en définir la race, évaluer le nombre de jours qu'il leur faudra pour venir dire bonjour au photographe. Leur donner des noms d'hommes, et de femmes, politiques. Et faire un choix. Sur quels critères ? Physique ? capacité à prendre la pose pour la photo ? Puissance du meuglement ? Capacité à rassurer ? à défendre son territoire ? promesses de steaks savoureux ? En Vendée, on connaît encore le jeu de la vache, cartes sur table.
Published by Claude Burneau