5 novembre 2012
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Jour dédié à Sylvie, la Silvia, la silva, la forêt. Imagine... combien ? 800, 1000 ans peut-être ? Ici était alors le cœur d'une forêt, le repaire de sangliers, de cerfs, et de loups sans doute. Le refuge de paysans fuyant la rigueur d'un maître, la clairière où ils avaient construit leur four clandestin pour échapper aux banalités féodales. Le refuge de routiers remerciés par un prince, après qu'il eût renvoyé son armée de mercenaires. Refuge sylvestre. Quelques masures dans la boue. Le Sangatte de l'époque. Nettoyé, rasé, occupé, rattrapé par la nécessaire extension des terres agricoles. Quadrillé de haies. Dehors les indésirables, les manants, les gueux. Cette parcelle a maintenant une utilité. Et un propriétaire. Ainsi avance la civilisation. Pour les manants, les exclus, retrouver un ailleurs, toujours plus loin.
Published by Claude Burneau
4 novembre 2012
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Un dimanche en compagnie de Pierre Menanteau, dans cette adresse au poète (ou au photographe des prairies) :
Mon beau métier de feuille
Exige que j'accueille
Chaque souffle qui passe :
À toi de faire un chant
Qui demeure à la place
Où s'efface le vent.
(Herbier pour un enfant poète - Œuvre poétique III, SOC & FOC)
Published by Claude Burneau
3 novembre 2012
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09:01
"À la Saint-Hubert, qui quitte sa place la perd", sans doute la version québecoise du "Qui va à la chasse perd sa place". Le photographe ce matin a occupé la place dans la grisaille, de peur qu'on ne la lui ravisse. Même si le risque était mince, une telle lubie ne courant ni les rues ni les prairies. Mais la photo est faite, postée sur la toile, et la chasse bien gardée dans les verts pâturages.
Published by Claude Burneau
2 novembre 2012
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Chaque branche a sa goutte
au bout du nez ça goutte
ça flaque sous les bottes
et les feuilles qui flottent
Chaque branche a sa goutte
qui doucement s'égoutte
et détrempe les mottes
au pied des abernotes
Chaque branche a sa goutte
alors arrière toute
Retournons à l'abri
et s'il pleut trop, au lit.
Published by Claude Burneau
1 novembre 2012
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Toussaint. Jour de lumière pour les chrétiens, en contraste avec l'ombre, les ombres de demain. Jour du salsifis pour les Républicains. On est dans le blanc. Le soleil ce matin joue avec l'optique de l'appareil photos. Il se transforme en nimbe. Les érudits assurent que le nimbe était à l'origine la couronne auréolant le dieu du soleil. Voilà la boucle bouclée. Ce matin il pousse même la coquetterie jusqu'à oser l'esquisse d'un regard bienveillant de lumière sur ce bas-monde affolé. Alors fixons ce clin d'œil au calendrier avant que l'une ou l'autre des multiples saintes n'y touche.
Published by Claude Burneau
30 octobre 2012
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Soleil d'automne. Soleil triomphant d'automne, qui joue au prestidigitateur avec la gelée blanche, qui étire les ombres et mange le ciel. Encore une journée gagnée sur le spleen. La fête de la vie avant d'honorer les défunts. Exultent les couleurs des chrysanthèmes. Remisés les masques de morts-vivants, lunettes de soleil obligatoires. Sous le manteau les gémissements des poètes cacochymes :
Soleil, que nous veux-tu ? Laisse tomber la fleur,
Que la feuille pourrisse et que le vent l'emporte !
Laisse l'eau s'assombrir, laisse-moi ma douleur
Qui nourrit ma pensée et me fait l'âme forte
(Jean Moreas).
Ni pourriture ni douleur. Juste la vie qui triomphe dans un jour éclatant. La vie qui nourrit ma pensée et me fait l'âme heureuse.
Published by Claude Burneau
29 octobre 2012
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09:31
Ce matin dans la prairie c'est comme ça. Juste comme ça. Plus calme qu'avant-hier. Moins lumineux qu'hier. C'est dans le fil des jours, dans l'annuelle avancée du gris et du frisquet. Normal. Patiemment normal.
Ce matin à la radio, dans les journaux, à la télévision aussi j'imagine, ça s'impatiente, ça piaffe, ça monte au front, ça veut du choc, ça menace, ça dézingue et ça roule les mécaniques. Ça a mis sa mémoire sous ses talons. Et ça fait du bruit. Et ça fait des images. Et demain il faudra inventer d'autres bruits, d'autres images, pour chercher à exister, juste exister.
Demain dans la prairie ça sera comme ça, presque, pas si différent, quoi que... Ce sera normal. Patiemment normal.
Published by Claude Burneau
28 octobre 2012
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Après les premières gelées blanches, le soleil fanfaronne. Comme s'il avait pris à bras le corps la petite chanson tristement piquante du petit matin pour la rendre plus séduisante dans sa lumière. Alors laisse-toi aller à savourer le jeu des ombres, la caresse adoucie du vent, la souplesse de l'herbe sous ton pas. Laisse entrer dans ton cœur. N'aie pas peur. Tu étais fait pour connaître ces bonheurs de l'automne, les comprendre et en jouir. Maintenant, tu peux aller vers le meilleur. Hey Jude, c'est ta fête aujourd'hui.
Published by Claude Burneau
27 octobre 2012
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Changement de rythme : ça charrie les nuages, ça secoue les branches, ça s'affole dans les feuillages. Mais contre toute bourrasque il faut savoir raison garder : " Ne t’essouffle pas, vent d’automne, tu as du temps devant toi. Ne crois pas que tous les arbres s’abandonneront aussi vite que ce poirier, naguère tout rouge, ou que ce peuplier qui jaunissait à peine. Regarde, il y avait sur le ciel une immense taie, elle s’est détachée soudain, et la lumière, avec une force très douce, très persuasive, s’étend de nouveau sur la plaine. L’herbe brille. Les feuilles des ronces agrafent de chaudes couleurs. C’est aux buissons que l’été de la Saint-Martin prodigue les pans les plus somptueux de son manteau." Pierre Menanteau, Mythologies familières.
Published by Claude Burneau
26 octobre 2012
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Depuis quelques années, je m'amuse à rassembler des triptyques photographiques, formes, couleurs, matières. En ce 3 centième jour, cette idée s'est imposée. Pluralité, complémentarité des points de vue sur un objet unique. Circulation du regard, jeu avec les échelles et les plans. Cadres, cadres dans les cadres. 3 comme les points de suspension vers l'inconnu des lendemains.
Published by Claude Burneau